Je suis née au fin fond de Main Street, dans l'année 94. Curieusement, ma mère n'a jamais voulu quitter la maison pour se rendre à l'hôpital, préférant souffrir à la maison et tremper dans la sueur et la souffrance plutôt que jouir des soins d'infirmières, et lorsqu'on sait ce qui se trame là-bas, on comprend pourquoi. Mon père était passionné d'histoires d'horreur. ll en lisait tous les soirs dans le canapé, après avoir bien entendu lut toutes les rubriques du journal local, tandis que ma mère s'agitait à d'autres tâches moins horrifiques et plus dans ses cordes. Le goût prononcé pour le morbide de mon père n'a pourtant pas empêché l'accident qui lui a coûté la vie : sortir dehors et ne jamais en revenir. Quant à ma mère, elle était bien trop lâche, bien trop peureuse et bien trop fainéante pour sortir, et a finit par s'enfermer comme une recluse entre ses murs, rideaux constamment fermés, seule dans le noir, en attendant que tombe la nuit et toutes ses terreurs.
C'est donc seule que j'ai décidé de continuer de vivre dans cet univers qui ne me dérange pas. Monstre ou humain, la désillusion a fini par me frapper vers mes 10 ans, lorsque des enfants de mon quartier m'ont jeté des cailloux à la figure en me traitant de monstre, si bien que je ne fais plus maintenant de différence. Comme l'on dit si bien : l'enfer, c'est les autres.

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Le véritablement nom de cette petite fille bien ordinaire a été oublié au fil du temps. Son père voulait l'appeler Solène. Sa mère Anaelle. Lequel des deux eut raison de son appellation ? On l'ignore désormais. Solène et Anaelle sont devenus deux faces d'un même prénom, Sonaalenne. Quant au nom prestigieux qu'elle porte, nul doute qu'il fut savamment pensé, mais nullement véritable, autrement, il eût été plus simple de survivre à Phantasmagoria. L'argent ne fait pas le bonheur, mais il aide beaucoup par ici.

Sonaalenne est bilingue. D'un père français et d'une mère flamande, elle parle aussi bien le français que l'allemand.