Citation :

A nos bourreaux,

J'ai des questions à vous poser. Me répondrez-vous ?

Je ne comprends pas cette ville. Je ne comprends pas vos jeux. Si j'ai une vague idée de ce qui se trame ici et là et de ce qui m'a ramené parmi vous, ce sont bien là les seules choses que je sache.

Dites-moi à quoi rime ce village.

Je croyais en arrivant que vous en aviez après moi, après ma famille parce qu'on nous avait fait partir. Je croyais que c'était un crime et que vous vous vengeriez sur les enfants pour la désobéissance de la mère. Mais ce n'est pas juste, n'est-ce pas ?
J'ignore par quel moyen vous nous avez fait revenir et même si c'est de votre fait. Et cela importe peu maintenant, parce que je ne me suis jamais sentie aussi chez moi qu'à Phantasmagoria. Ce village m'a vu naître et me verra mourir, car je n'ai pas l'intention de fuir.

Mais je refuse de continuer à participer à votre mascarade sans rien y comprendre. Vous jouez avec nous. Du moins c'est ce que je croyais, mais je commence à avoir des doutes là-dessus. Est-ce seulement un jeu pour vous ?
Vous tuez, c'est certain. Mais les morts ne sont pas totalement gratuites, n'est-ce pas ? Vous tuez ceux qui refusent votre existence et celle des monstres. Vous tuez aussi ceux qui refusent de comprendre le fonctionnement de la ville. Vous tuez les faibles et les idiots. Mais pas les autres.

J'ai déjà participé à plusieurs de vos scénarios. Nevroze, vous m'êtes apparue plusieurs fois sans me tuer. Sans même essayer de le faire, il me semble. Pourtant je vous ai défié une fois n'est-ce pas ? Je vous ai arrêté, un peu malgré moi, avant que vous ne tuiez Konfety. Et vous m'avez offert divers présents. Une arme, une assurance vie et quelques conseils.
Pourquoi ? Est-ce par simple amusement ? Est-ce que ça vous plaît de me voir me battre contre vos créatures et vos pièges ?

Je ne le crois plus. Peut-être ai-je tord, mais je pense que vos jeux cachent plus que de simples pièces morbides. Après tout, à quoi bon nous révéler le passé de la ville, les drames qui l'ont entachée si le seul but est de nous tuer.

Alors je voudrais savoir. Je voudrais comprendre, enfin, ce qui vous motive. Pourquoi nous ? Pourquoi ces jeux ? Pourquoi Phantasmagoria ? Et pourquoi les Perfide ?

Je vous envoie cette lettre en espérant des réponses de votre part.

Sue Maryia.

La jeune femme observa l'enveloppe disparaître dans la bouche de métal de la boîte aux lettres.   Elle lâcha un soupir : elle n'avait plus qu'à attendre maintenant et passer à la boutique d'armement, au cas où la réponse s'accompagnerait des traditionnelles épreuves des Perfide.

début - "Continuer l'enquête"




Elle avait fini de lire tout ce qu'elle avait à lire. Plusieurs fois, elle avait tourné les pages, relu les mots, au point de connaître chaque ligne sur le bout des doigts. Jamais elle n'avait été élève aussi studieuse. Jamais. Mais les conséquences n'étaient pas non plus les mêmes. Ce carnet, elle ne l'aurait plus jamais entre les mains et il contenait tout, ou presque, ce qu'elle avait cherché depuis qu'elle était revenue.

La réponse était encore bien pire que ce qu'elle avait pensé. Mais au moins elle était là. Au moins, il restait un peu d'espoir.

Mais faisait-elle le bon choix ? Avait-elle raison de se tenir là, hésitante, devant la boîte aux lettres ? Elle avait si peu dormi que la fatigue lui faisait peut-être faire n'importe quoi. Inquiète dans la froide matinée d'hiver, Sue prit une profonde inspiration et déposa son petit colis dans la boîte avant de rentrer chez elle. Abandonné là par la jeune femme, le colis soigneusement empaqueté portait une adresse de destination.


Et si quelqu'un venait à le trouver et à l'ouvrir, il verrait une petite lettre en plus du carnet, écrite à la main.

Citation :

Nevroze,

As-tu jamais reçu de lettres des habitants de cette ville ? Ont-ils jamais essayé de te comprendre ? Et toi, as-tu cherché à comprendre ? Sais-tu tout ce qui se trame ici ? Nevroze, je n'arrive plus à savoir qui tu es du pantin ou du pantomime. Je ne sais plus si je dois te craindre ou te plaindre.

Mais je sais ceci. Je t'ai déjà écris, et quelqu'un a du lire mes mots car mes demandes ont été comblées, en partie. Je ne sais pas si cela est de ton fait, ou de celui de quelqu'un d'autre. Si c'est toi qui a mis ce carnet sur ma route, je te le retourne. Et si ce n'est pas toi qui l'a abandonné là, si jamais il te parvient, il renferme sur les dernières pages des choses qui te concernent. Et qui je l'espère, te sont inconnues.

Je ne sais pas où tout cela me mènera. Je ne sais pas à quoi cela rime. Si c'est un jeu que vous nous avez tracé. Si nous avons une chance de nous en sortir.

Mais je garde espoir.
Malgré la peur et malgré le froid.
Le froid peut bien tout engloutir, ma vie continuera de brûler.

Sue Maryia.